Piscine : entre angoisse et bonheur 

Qui n’a pas rêvé d’être une petite souris pour se glisser au bord du bassin de la piscine et observer son enfant se débrouiller dans l’eau ? Surtout lorsque c’est son premier cours avec l’école, et encore plus s’il n’a eu que très peu d’expériences en milieu aquatique.

Piscine : une approche pédagogique différenciée

Les élèves n’ont pas tous la même expérience de la piscine. Au CP, des enfants peuvent être de bons nageurs, d’autres seront « à l’aise » sans maîtriser les mouvements, et certains refuseront de s’immerger. Les professeurs d’EPS et les maîtres nageurs le savent bien et organisent dès la première séance des tests permettant de répartir les élèves en groupes de niveaux.

Ainsi, l’évaluation des nageurs débutants portent sur leurs progrès et la réussite à des objectifs, si possible, personnalisés. Par exemple, un enfant qui en septembre refusait de mettre la tête sous l’eau sera encouragé et accompagné pour parvenir graduellement à s’immerger totalement d’ici le mois de décembre. Si à la fin de la séquence il y parvient, il aura validé une étape. Un enfant du même âge qui sait déjà nager sera poussé à améliorer et à varier ses mouvements (à l’aide de matériel, une frite, une planche par exemple) pour progresser à son rythme.

Malheureusement, ce qui peut davantage freiner les progrès d’un enfant c’est l’irrégularité des cours, soit pour cause d’absentéisme, soit pour cause de fermeture de bassins.

Lire à ce sujet l’article de Slate qui met en corrélation problème de bassins et le fait qu’un enfant sur deux entrant en sixième ne sait pas ou mal nager.

L’attestation scolaire du savoir nager (ASSN)

L’apprentissage de la nage (ou plutôt des nages) s’étale sur toute la scolarité primaire avec pour objectif l’obtention de l’attestation scolaire du savoir nager (ASSN) conformément à l’arrêté du 9 juillet 2015.

On l’appelle parfois à tort « brevet de natation », lequel peut tout à fait être passé dans le cadre scolaire. Le brevet de natation est un diplôme fourni par un maître-nageur qui atteste qu’une personne est capable de nager une certaine distance sans s’arrêter (25m, 50m, 100m ou 200m). Ce brevet est demandé pour la pratique des sports nautiques dans le cadre d’un cours ou d’une colonie de vacances.

L’ASSN est spécifique à l’Education Nationale et est censée être passée en CM2. L’académie de Dijon a mis en ligne une vidéo de démonstration de l’ASSN .

Pour vous faire une idée des compétences attendues, sachez que ce parcours doit être réalisé « en continuité, sans reprise d’appuis au bord du bassin et sans lunettes ».

Vous pouvez en retrouver le déroulement complet dans ce document en  PDF .

L’ASSN valide les années d’apprentissage des cycles 2 et 3.

Repères de progression en fonction du cycle

En cycle 2, l’accent est mis sur la familiarisation avec le milieu aquatique à travers des jeux et divers exercices de déplacements ventraux et dorsaux, avec, puis sans matériel. La natation est incluse dans les programmes d’EPS sous l’intitulé « adapter des déplacements à des environnements variés ».

Les attendus de fin de cycle 2 sont :
– se déplacer dans l’eau sur une quinzaine de mètres sans appui et après un temps d’immersion ;
– réaliser un parcours en adaptant ses déplacements à un environnement inhabituel. L’espace est aménagé et sécurisé.
– respecter les règles de sécurité qui s’appliquent.
Les compétences travaillées pendant le cycle sont :
– transformer sa motricité spontanée pour maîtriser les actions motrices.
– s’engager sans appréhension pour se déplacer dans différents environnements.
– respecter les règles essentielles de sécurité.
– reconnaître une situation à risque.

Repères de progressivité :

« En natation, les activités proposées permettent de passer de réponses motrices naturelles (découvrir le milieu, y évoluer en confiance) à des formes plus élaborées (flotter, se repérer) et plus techniques (se déplacer). L’objectif est de passer d’un équilibre vertical à un équilibre horizontal de nageur, d’une respiration réflexe à une respiration adaptée, puis passer d’une propulsion essentiellement basée sur les jambes à une propulsion essentiellement basée sur les bras.  Au cours du cycle 3, il est attendu une plus grande maîtrise des mouvements, de leur coordination, une meilleure endurance et une prise de conscience acquise des dangers. »

Désormais, les programmes recommandent, dans la mesure du possible, un enseignement sur chaque année du cycle. Toutefois, la priorité absolue reste le CM2, puisqu’on espère que tous les élèves soient nageurs avant la 6ème.

Voilà pour les programmes !

Maintenant concrètement comment ça se passe pour vos loulous lorsqu’il y a piscine à l’école ?

La réunion de rentrée

La maîtresse vous aura prévenus dès la réunion de rentrée en vous spécifiant si les élèves bénéficieront d’un cours annuel ou semestriel.

Par ailleurs, sachez que les enseignants ne font que suivre les directives et qu’ils ne décident pas des créneaux de piscine établis par les maîtres-nageurs et professeurs d’EPS. Cette décision s’inscrit dans le cadre de la gestion de la piscine municipale. Plusieurs établissements et niveaux de classe se partagent le bassin sur le temps scolaire. C’est souvent un casse-tête pour caser tout le monde. Parfois, il arrive qu’on décide que certains niveaux (les CM1 le plus souvent) n’aient pas piscine.

Normes et taux d’encadrement

De plus, les normes concernant le taux d’encadrement des élèves et l’hygiène sont strictement encadrées par la loi. C’est pourquoi, il pourra arriver que la séance de piscine soit annulée pour cause d’absence de maître-nageur ou de pollution du bassin.

Par ailleurs, si c’est l’enseignant qui est absent, son remplaçant du jour pourrait ne pas accompagner la classe. A moins qu’il ne se fasse seconder par le directeur. Pour toute sortie, on considère que le remplaçant ne connaît pas assez les élèves pour les prendre en charge. Ceci n’étant valable que pour les 3 premiers jours de remplacement.

La plupart du temps, on trouve une solution satisfaisante, quitte à envoyer un/e collègue à la place !

Les règles de sécurité dans la piscine

A chaque rentrée scolaire, les enseignants participent à une « réunion piscine » avec les professeurs d’EPS et les maîtres-nageurs pour mettre à jour l’organisation des cours, du déplacement à pied ou en car au bassin, en passant par les vestiaires.

Ainsi, on rappelle les règles de sécurité, jusqu’à l’évacuation en cas d’incendie !

De même en classe, la maîtresse revoit avec ses élèves le déroulement d’une séance. Elle rappelle les règles à respecter lors des déplacements et au bord du bassin.

Ces règles concernent :

  • la sécurité bien sûr (ne pas courir, ne pas pousser etc.),
  • l’hygiène (respecter la zone de déchaussage, apporter du gel douche etc.) mais aussi
  • le comportement en général (respecter le partage des vestiaires garçons/filles, ne pas crier, ne pas se moquer etc.).

Rôle des parents accompagnateurs

Pour les petites classes, on demande la présence de parents pour accompagner le trajet à pied. On peut aussi solliciter leur soutien pour aider les enfants à se rhabiller.

Mais de plus en plus souvent, les règlements intérieurs des piscines interdisent l’accès aux vestiaires et au bassin aux parents. Ils attendent dans les couloirs.

Donc, c’est fichu si vous comptiez accompagner pour voir un peu ce qui se passe ! Pour des raisons d’assurance, mais aussi pour éviter toute ingérence, les règlements des piscines sont de plus en plus strictes.

En effet, il s’est déjà vu des parents tellement soucieux, voire carrément angoissés pour leur progéniture, qu’ils intervenaient pendant les cours. Ainsi, ils créaient des situations embarrassantes, tant pour les adultes que pour les enfants.

Or, un climat serein et détendu est nécessaire à l’apprentissage, surtout s’il est difficile et que l’enfant doit se faire violence. Voir sa mère en pleurs au bord du bassin n’arrange certainement pas les choses…

Angoisses d’enfants et…de parents

Si vous êtes en panique à l’idée que votre enfant aille à la piscine, demandez-vous d’abord honnêtement pourquoi.

Avez-vous eu vous-même une mauvaise expérience ? Votre enfant a-t-il des raisons personnelles de craindre l’eau ? Peut-être vous rendrez-vous compte que vos peurs ne sont pas celles de votre enfant. Parlez-en à l’enseignant, cela vous fera du bien et débloquera surement la situation.

Sachez que l’enseignement de la natation est obligatoire et qu’il faut un certificat médical pour en être exempté. Si vos peurs persistent, tournez-vous vers des associations spécialisées dans la prise en charge des phobies liées au milieu aquatique (par exemple celle-ci semble sérieuse pour Paris). Si vous ne le faites pas pour vous, faites-le pour votre enfant. Ne seriez-vous pas soulagé de savoir qu’il sait nager ? Il pourra ainsi pleinement profiter des plaisirs de l’eau sans risquer sa vie une fois adulte. N’est-ce pas ce que vous souhaitez pour votre enfant ?

Quelles activités proposer à votre enfant ?

Si vous nagez très bien mais que vous avez remarqué que votre cocotte a les chocottes,  tentez une piscine avec bassin pour enfants. En général, il affiche une profondeur comprise entre 70 cm et 1m.

Privilégiez les jeux, la détente, les poursuites, les balles et frites. Pensez à emmener une poupée qui va à l’eau. Et bien sûr n’oubliez pas les brassards et/ou la bouée. Il s’agit d’une première étape de familiarisation avec l’eau.

Enfin, à partir de 6/7 ans, vous pouvez envisager des cours individuels avec un maître-nageur. En fréquentant la piscine, vous aurez peut-être repéré le ou la maître-nageur à qui vous pourriez confier votre enfant. Et vous aurez le droit d’accompagner votre enfant au bord du bassin. A condition de vous mettre en maillot et bonnet de bain !

Malgré tout cela, si vous avez le sentiment que personne ne vous convient, demandez conseil à d’autres parents. Ou tournez-vous vers une association spécialisée.

« Alors et cette petite souris, me direz-vous ? » Que verrait-elle ? Comment se déroule grosso-modo une séance de piscine ?

A l’école, les enfants sont venus avec leur sac comportant obligatoirement un maillot de bain, un bonnet et une serviette. Pour ceux qui ont oublié, on leur prête des affaires. Les malades restent à l’école dans une classe d’accueil. Le trajet s’effectue à pied ou en car et dure en moyenne 15 minutes.

Arrivés à la piscine, les enfants se déchaussent et s’activent pour se mettre en tenue. Puis c’est la douche. Un moment d’excitation en générale, où l’enseignant rappelle que les sols et murs en carrelage répercutent d’autant plus fort les sons… Il faut attendre avant ou après le pédiluve que les élèves précédents quittent le bassin. C’est là que les genoux et les dents claquent, mais ils ont l’habitude et ne râlent pas. Ils attendent avec impatience que leur tour arrive.

Le maître-nageur fait l’appel. Les enfants viennent se ranger à différents endroits du bassin, en fonction de leur groupe de niveau. Il peut y avoir 3 ou 4 groupes d’environ 6 à 8 élèves. Les débutants prennent du matériel et s’équipent de ceinture ou de frite.

Pendant 40 minutes environ, les élèves écoutent les consignes et effectuent les tâches demandées. On discute des erreurs et on répète chaque exercice au moins deux fois. Les déplacements varient de position (ventre ou dos) et de mouvements (avec ou sans battements de jambes). On travaille les trois nages : brasse, crawl et papillon. Cinq minutes avant la fin, les élèves jouent librement dans l’eau, toujours sous surveillance bien sûr. Puis une sonnerie ou un coup de sifflet annonce l’évacuation du bassin.

Ensuite, les élèves passent à la douche (en principe avec pour consigne de se laver au savon). Puis ils rejoignent les vestiaires pour se sécher et s’habiller. La durée est très variable en fonction du niveau de classe. Quand c’est possible on mixe CP et CM2 pour favoriser l’entraide et accélérer le rythme des plus jeunes. Mais il est évident qu’un enfant de 6/7 ans mettra plus de temps qu’un enfant de 10 ans… Cependant, c’est une excellente façon d’acquérir de l’autonomie et l’enseignant qui a des CP le sait très bien. En hiver en particulier, la quantité de vêtements ralentit les enfants…

Est-ce que vous imaginiez le déroulement d’une séance comme ça ? Si vous avez des questions n’hésitez pas à les poser en commentaires !

Et si vous cherchez des astuces pour aider votre enfant à la sortie de la piscine, lisez mon article !

4 commentaires Ajoutez les votres
  1. Bonjour
    Ma fille vA à la piscine cette année.
    Elle est en grande section.
    Je trouve ça formidable qu elle aille à la piscine mais il n y a que trois adultes pour 23 élèves ! Niveau sécurité je trouve ça plutôt léger . Surtout qu ils n auront PAs les brassards..
    Merci
    Julie

    1. Bonjour, les cours de piscine dispensés dans le cadre scolaire sont strictement réglementés et la surveillance du bassin doit obligatoirement être assurée (en plus de l’enseignant, et du prof d’EPS dans les grandes villes en élémentaire) par un maître nageur + un surveillant de bassin qui ne dispense pas de cours mais surveille (ils ont des écrans de contrôle pour visionner les caméras placées sous l’eau). Les élèves ne portent jamais de brassards (trop longs à enfiler et insuffisants niveau sécurité, car ils peuvent se percer ou l’enfant peut les enlever). Les non-nageurs sont équipés de ceintures à boucle avec flotteurs adaptés à leur poids. Ils peuvent aussi utiliser des frites ou planches en mousse en fonction des exercices et de leur degré d’aisance. Pas d’inquiétude donc ! Pour les plus jeunes, les activités s’articulent autour du jeu et de la familiarisation avec l’eau et l’immersion (mettre le menton, puis la bouche, puis le visage et enfin toute la tête sous l’eau). Il est rare que les écoles maternelles disposent d’un créneau de piscine (les élémentaires sont prioritaires), alors bonne baignade à cette chanceuse classe de GS !

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